Cela va faire maintenant deux jours que la ville subit ce mauvais temps. Rui s'était réfugié sous un grand carton contre un conteneur poubelle en dessous d'un bâtiment. Ce n'est pas très confortable et loin d'être le meilleur abri dans cette ruelle sombre, mais il est au moins protégé de la pluie. Recroquevillé à la recherche de la moindre chaleur, son corps est gelé et tremblant sous des vêtements sales et trempé. Il ne reste jamais au même endroit et avait mis du temps pour trouver cet endroit calme et moins fréquentable. Il s'endormit par épuisement une fois installé, sans s'imaginer qu'il se trouverait au mauvais endroit, au mauvais moment.
C'est par un bruit sourd que ses paupières lourdes s'ouvrent lentement et reçoit sur le visage un étrange liquide chaud. Au début, le garçon fiévreux n'arrivait pas à comprendre ce qu'il se passait en étant dans les vapes. Tout aller très vite jusqu'à qu'il aperçoit des cadavres au sol, un masque démon et cet œil doré brillant dans l'obscurité. Cette brutalité et cette froideur dépasse tout ce qu'il avait vu auparavant. Son cœur se mit à battre fort dès qu'il croise le regard du tueur en lui donnant des sueurs froides. Rui sait très bien qu'il est stupide de tenter une fuite en vue de son état, mais surtout de la rapidité de cet homme. Impossible de détourner le regard comme-ci il est paralysé par la peur et la maladie, serait-ce à son tour? Sans dire un mot, il attend de goûter à cette lame tranchante pour avoir été spectateur de cette violence car il se doute que le tueur laisserait derrière lui un témoin.
Au moins, il ne mourra pas de faim et que sa mort sera rapide....
Qu'attendait cet homme pour lui ôter la vie? Pourquoi était-ce si long?... Ce n'est pas ce qu'il s'attendait a une mort rapide. Impatient, Rui ouvre ses yeux lentement et ne fut pas épargné par la sensation désagréable de picotement provoqué par l'irritation. À l'approche du tueur, il eut l'erreur de bouger instinctivement, ce qui déclenche d'énormes douleurs. Celles-ci parcourent dans tout son corps maigre, lui en rappelant à quel point son mauvais état et d'être affamé. Serrant les dents, l'adolescent plaque sa main au-dessus de son bassin où se trouve une vilaine blessure infecté soi-disant protéger par un tissu sale et tâcher. Comment s'était-il infligé ça? Ce n'est pas rare d'être embarqué dans une bagarre lorsqu'on vit dans les rues de Tokyo. Il s'est très bien débrouillé jusqu'à maintenant...entre autres.
Sous cette pluie interminable, une main gantée fut tendue vers le garçon mourant. Incroyable et imaginable, elle appartient à ce démon qui venait de trancher avec sang-froid deux hommes et d'écraser l'autre contre un mur. Que cherche-t-il? Quel est son but? De nombreuses questions lui traversent à l'esprit avant que sa vision devienne floue. Son état ne cesse d'empirer chaque minute qui passe.
-"Kill me..."
D'une voix faible et enrouée, il lutte difficilement à ne pas perdre connaissance. Rui relève son regard vers l'immense tâche sombre. Une citation lui est venue soudainement, alors que ce n'est pas vraiment le bon moment. Il serait presque à en sourire bêtement s'il en était capable. Les humains craignent la mort, mais ils sont attirés par elle. La mort est immuable et définitive, quelque soit la vie et en littérature.
Sous la pluie, voir le soleil brillant. Dans les flammes, boire à la source fraîche. Rui x Tatsumi••• Oh ? Avais-je bien entendu ? Quelle déception. Cet enfant humain était-il à ce point dénué de toute espérance de vie ? En effet... Dans son regard, je ne voyais ni espoir, ni intelligence, seulement une peur secondaire dissimulée sous un voile de mort. Ainsi, l'enfant de la pluie attendait de moi une certaine... Libération ? Pi-toy-able ! J'incarne la peur la plus primaire qui soit ! Celle originaire, celle gravée à jamais dans l'essence même de l'espèce l'humaine. La peur ne libère personne mon enfant, elle enfonce ses abominables serres dans la chair et ne lâche plus jamais prise. Elle est l'ombre qu'on ne peut fuir. Elle est ce sombre supplice, torturant de son rire immonde et de ses murmures incessant, jusqu'à rendre fou même les plus vaillants des hommes. La peur ne s'arrête que lorsque vient la mort. Ce serait parfaitement absurde que sa personnification t'accorde l'ultime repos de sa lame. Implore donc le jour de se hâter, car ta mort viendra probablement avec lui. Ma main gantée de noir s'était refermée sur le vide avant de se retirer lentement vers l'obscurité de mon manteau. D'un mouvement souple, je m'étais redressé, dominant à nouveau l'étroite ruelle et l'enfant de mon impressionnante carrure. Mon unique œil ambré, brillant tel la flamme d'une bougie dans l'obscurité, toisait avec mépris le petit corps calamiteux.