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Sun up, sun down [Libre]
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Lun 8 Jan - 22:18


“Sun up, sun down,
Sun up, sun down,
Again”


    Un calme plat raisonnait parmi les quelques survivants de la buverie monstrueuse qui s’était déroulée dans le Quiver tout au long de la soirée. Des cadavres de bouteilles jonchaient les tables, des verres à moitiés vides, abandonnés par leurs propriétaires s’étant avoués vaincus parcouraient le comptoir qui rêvait d’un coup de torchon. Le seul homme encore debout après ce carnage n’était nul autre que le barman, dernier rescapé de l’équipe du soir qui avait suivi les clients dans leur fête. Après tout, c’était aussi leur fête. Celle du bar, du fameux Quiver qui fêtait ses trois premières années de service aujourd’hui même. Ou plutôt la veille, les douze coups de minuit étant passés depuis maintenant plus de deux heures.

    Nils admirait le résultat de la guerre d’un œil certes fatigué mais aussi fier. Malgré toutes les promotions promulguées sauvagement dans la soirée, ses fidèles clients avaient fait honneur à leur bar préféré. La pancarte au-dessus du bar indiquant « la surprise du chef » avait fait fureur.  Ce verre était gratuit à la première commande, mais était surtout totalement aléatoire. Il faudrait le tirer à la roulette. Le jeu de hasard était une idée du norvégien. Ce bar n’aurait pas existé sans un simple jeu de hasard, selon lui c’était donc une idée parfaite pour son bébé. Certes ses clients ne pourraient pas tricher comme il l’avait fait mais l’idée restait la même. Même s’il était le seul à en connaitre son origine. Cependant, cette roulette offrait vraiment tout et n’importe quoi comme cocktail. Du plus classique au plus exotique, en passant par l’improvisation totale du patron. L’homme aux bouclettes blondes avait bien cru à un moment que l’alcool viendrait à manquer, ce qui aurait était un comble. Il n’avait d’ailleurs même pas vu l’heure passer. Il qualifierait sans doute cette soirée comme étant l’une des meilleures. Il souriait donc, regardant partir un de ses derniers clients, qu’il gratifia d’une bonne nuit fort souhaitable. Lui-même était bien heureux d’être en repos dès le lendemain. Ou plutôt dans quelques heures.

    Il lui restait encore une heure de service, et il pensait déjà à tout le ménage qui l’attendait après. Au vu des quelques clients somnolents à droite et à gauche, certains bafouillant encore dans leur verre qu’ils refusaient d’abandonner là, par orgueil, fierté ou politesse, Nils jugea qu’il pouvait au moins commencer le ramassage des bouteilles et verres abandonnés. Ce qui était sûr, c’est que son équipe allait le sentir passer dès mardi. Ils étaient tous rentrés petits à petits, inaptes aux travails après s’être bourrés la gueule avec les clients. « Mais vous faites comment patron ? » C’était simple, Nils faisait semblant de voir avec eux. Vous voulez boire un whisky avec le boss ? Pas de soucis, mais lui remplacera son verre par un bête jus de pomme assez ambré pour que la différence ne se remarque pas. Ainsi le client était content de partager un verre avec lui, et lui pouvait continuer le travail sans problème. Être barman, c’est tout un art.

    Un art que Nils avait appris jour après jour, qu’il avait perfectionné à chaque moment passé dans ce bar. Au début, il était bien loin  de cet homme confiant qu’il était aujourd’hui. Ses bases piquées à la sauvette dans un vieux bar miteux au fin fond du nord de la Norvège n’étaient pas vraiment au niveau, et il avait dû apprendre vite pour tenir dans la fameuse ruelle des bars où la concurrence était rude. Mais depuis deux ans, sa réputation s’était lancée. Et maintenant plus personne ne pouvait contester sa place ici.

    Le blond cacha son bâillement monumental derrière une main. Bien sûr qu’il avait sommeil, après une soirée comme celle-ci. Pour une fois, il n’aurait pas à camoufler sa fatigue certaine. Et pourtant, il était debout depuis bien trop longtemps déjà. Ou plutôt n’avait clairement pas assez dormi la veille. Une habitude qui le poussait à passer ses journées sur le canapé le dimanche. Que celui-ci soit prêt, parce que dès son réveil, Nils n’allait plus le quitter. Il pourrait ainsi admirer les flocons de janvier tomber sur la ville depuis sa baie vitrée, emmitouflé dans une couette, bien installé devant sa cheminée. Accoudé au comptoir, rêvassant un torchon essuyant mollement le bois sombre devant lui, il s’y voyait déjà. Les petits bonheurs étaient simples. Répétitifs, journaliers, communs, mais simples. Aucune prise de tête, aucun danger, loin de tout. Le danger, il le voyait de loin, bien caché dans ses rêves, ou à la télévision, mais loin de lui. C’était ce qu’il avait toujours souhaité. Plus tard le soleil se lèverait encore, pour se coucher, se lever et retourner dormir, encore et encore. Et sa routine ne changerait pas. Il ne voulait pas qu’elle change. Pas encore. Il voulait en profiter encore un peu.

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